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heureuses lorsque quelques rayons de leurs lumières pénètrent dans la tête des hommes qui les gouvernent.

C’est la nature qui a créé le pouvoir paternel. Le pouvoir politique est de convention. Le père gouverne non seulement parce qu’il a engendré les enfans, mais parce qu’il est plus âgé, plus fort, plus instruit qu’ils ne peuvent l’être, et surtout parce que les enfans, jusqu’à ce qu’ils soient hommes, ne savent rien produire et sont dépendans par leurs besoins.

Dans la société civile non seulement la force morale, mais la force physique, est du côté de ceux qu’on a nommés, non sans quelque niaiserie, des enfans ; car plusieurs millions d’hommes sont plus forts que quelques centaines seulement.

Ce n’est pas un tableau plus fidèle que celui qui représente les citoyens comme des brebis, et ceux d’entre eux qu’ils chargent de veiller sur les intérêts communs, comme des pasteurs. Ces bergeries politiques ne conviennent plus à un siècle parvenu a sa maturité.




ESQUISSE HISTORIQUE des progrès de l’économie politique. — L’histoire d’une science n’est que l’exposé des tentatives plus ou moins heureuses qu’on a faites, à différentes époques et dans divers pays, pour recueillir et asseoir solidement les vérités dont elle se compose. Cette histoire devient courte à mesure que la science se perfectionne ; car, suivant une observation très juste de d’Alembert, « plus on acquiert de lumières sur un sujet, moins on s’occupe des opinions fausses ou douteuses qu’il a produites. On ne cherche à savoir ce qu’ont pensé les hommes, que faute d’idées fixes et lumineuses auxquelles on puisse s’arrêter[1]. » Ainsi dans le cas où nous connaîtrions parfaitement l’économie

  1. Élémens de philosophie, page 17.