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exemple, ne procure pas à la nation plus de profits qu’une balle de lin qui vaut mille francs. De ces deux produits, celui dont il convient le mieux de s’occuper est celui que l’étranger demande de préférence, et qui par conséquent récompense plus libéralement les services productifs, c’est-à-dire les travaux personnels, les capitaux ou les terres qu’on y a employés.


Les progrès de l’économie politique ont fait évanouir les illusions qui put long-temps dirigé l’Europe par rapport à ses colonies.

Que pouvait-on se proposer dans le système qu’on a suivi à leur égard ? sans doute le plus grand avantage de la métropole pu de la colonie. Leur plus grand avantage, d’où peut-on l’attendre ? n’est-ce pas uniquement de la nature des productions des deux contrées et du plus grand développement de leur industrie ? Or, ces deux avantages, faut-il pour tes trouver que les deux pays soient soumis à la même domination ? assurément la même domination n’améliore pas leur climat. Améliore-t-elle leur industrie ? il est permis d’en douter quand on sait que nulle part l’industrie ne se développe mieux que lorsqu’elle jouit de la plus entière liberté. La liberté peut-elle habiter dans un pays régi par les délégués d’un gouvernement situé au loin et dirigé par d’autres intérêts ? La métropole n’est-elle pas obligée, à une grande distance, de laisser à ses agens un pouvoir à peu près discrétionnaire ? Un tel régime n’est-il pas nécessairement infesté de tous les abus ?

De son côté, la métropole est, pour favoriser la colonie, gênée dans ses rapports avec le reste du monde ? L’une et l’autre, au lieu de s’aider mutuellement, se nuisent, et leur dépendance réciproque est une source perpétuelle de dépense et d’oppression[1].

  1. En voici un exemple entre plusieurs autres. Les colonies fran-