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Et si l’on demandait comment deux pays qui trafiquent ensemble peuvent, tous les deux à la fois, recevoir des marchandises pour des valeurs supérieures à leurs envois, je répondrais que chaque marchandise, en passant d’un pays dans l’autre, croit en valeur d’une somme égale aux profits qu’elle procure aux commerçans. Les pertes inévitables, qui ont lieu dans des communications habituelles, sont des accidens plus que compensés par les bénéfices qui résultent de ces mêmes communications. Les opérations qui donnent de la perte né se répètent pas ; celles qui se renouvellent sont des opérations profitables et les seules qui soient là base des relations commerciales suivies entre les nations[1].

On démontre, d’après les mêmes principes, l’inutilité ou plutôt les fâcheux effets des lois qui prohibent l’exportation des matières premières et favorisent celle des produits manufacturés. Les promoteurs de ces lois ignorent qu’une matière première qui s’exporte nous procure, à égalité de valeur, autant de profits que le produit le plus élaboré. De quoi se compose en effet la valeur d’un produit quel qu’il soit ? de ses frais de production. Or les frais de production d’une matière première, comme d’un produit achevé, sont composés d’un profit foncier payé à l’un des propriétaires du sol, d’un intérêt gagné par un capitaliste quelconque, et du salaire reçu par les industrieux de tous grades dont les travaux ont concouru à leur production, à commencer par l’entrepreneur qui en a conçu l’idée, jusqu’au dernier manouvrier dont il s’est fait aider. Le produit dont toute la valeur consiste en main-d’œuvre > une dentelle de mille francs, par

  1. Cette doctrine choquera beaucoup d’idées anciennes, mais sera avouée de tous les négocians qui savent allier la réflexion avec l’expérience. Il est fâcheux que la plupart de ceux qui écrivent sur l’économie politique ne soient pas plus fréquemment versés dans les procédés du commerce. Ils éviteraient beaucoup d’erreurs systématiques.