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plus justes relativement aux avantages qu’on retire des consommations, comparés avec ce qu’elles coûtent ; et des idées justes sont un premier pas vers des réformes salutaires.

L’économie de la société n’est pas affectée en bien ou en mal par les dépenses publiques seulement, mais par la manière dont on y pourvoit. Ce sont les domaines de l’État et l’impôt qui alimentent le fisc ; les emprunts n’alimentent rien ; les ressources qu’ils procurent au présent sont des ressources ravies au lendemain, et les frais qu’ils occasionnent ne sont compensés par aucun dédommagement.

Relativement aux impôts, les principes de l’économie politique démontrent rigoureusement qu’ils sont un sacrifice de la part du contribuable, d’où il ne résulte aucun avantage pour la nation que les services qu’elle achète par leur moyen. Lorsque ces services sont réels, lorsqu’ils procurent au citoyen la libre jouissance de ses actions et de ses biens, lorsqu’ils le protègent contre les attaques de l’iniquité au dedans et des entreprises contre son indépendance qui pourraient partir du dehors, le sacrifice qu’on exige de lui est légitime et profitable ; mais s’imaginer que l’impôt n’est pas un sacrifice, prétendre qu’il favorise la production, c’est se nourrir d’illusions. L’impôt levé sur la société n’est pas reversé dans la société par les dépenses du gouvernement et des fonctionnaires publics. Cette erreur est fille de celle qui regardait l’argent monnayé comme la seule richesse. Du moment qu’on le considère ainsi, on ne voit aucune perte dans les plus grandes dilapidations, car le gouvernement remet en effet dans la circulation par les dépenses l’argent qu’il en a tiré par les impôts ; mais l’argent ne fait pas partie des productions et des consommations annuelles. Ce n’est pas d’argent que vivent la société et le gouvernement, c’est de produits. Ceux que