Page:Guizot - Encyclopédie progressive.djvu/254

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à la quantité du produit qu’elle peut obtenir ? Combien de fausses mesures et de mauvaises lois peut prévenir une seule question bien posée !

La nature et l’office des monnaies bien connus, beaucoup d’erreurs tombent d’elles-mêmes, une foule de notions fausses ou imparfaitement entrevues s’ éclairassent ; on sépare dès lors complètement les fonctions de la monnaie de celles des capitaux ; on voit comment l’abondance ou la rareté du numéraire, qui influent sur sa valeur propre (celle qui se manifeste par l’échange), ne sont d’aucun effet sur ce qu’on nomme si improprement l’intérêt de l’argent ; on demeure convaincu que l’intérêt est le loyer d’un capital, et que les valeurs capitales consistent en des valeurs tout autres que les valeurs monétaires, et sont bien plus considérables[1].

Les mêmes principes font comprendre l’espèce d’influence qu’exerce sur la valeur des monnaies la matière dont elles sont faites. Les richesses et les besoins de la société portent à un certain taux la valeur du produit appelée une once d’argent, valeur déterminée par la quantité de tout autre produit que l’on consent à donner pour obtenir celui-là. Le possesseur de cette once d’argent, quelque nom qu’on ait jugé à propos de lui donner en la frappant en monnaie, ne peut sans perte la donner au dessous de ce taux[2]. Mais, quand la matière dont la monnaie est faite est de nulle valeur intrinsèque, comme

  1. Si l’abondance de l’argent-métal influait sur le taux de l’intérêt, il serait plus bas au Pérou que partout ailleurs, car nulle part l’argent n’est si abondant et sa valeur relative moindre. Le taux de l’intérêt s’y trouve au contraire fort élevé. On comprend qu’il n’est point ici question des phénomènes qui dépendent de l’usage des billets de banque et des papiers-monnaies.
  2. À un taux déterminé, la société ne peut obtenir qu’une certaine quantité d’onces d’argent ; celle dont ce taux permet de payer les frais de production. Pour que la société obtienne une plus grande quantité d’argent, il faut que l’état de ses productions et de ses besoins la mette