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Les négocians réfléchis verront aisément comment ces principes d’une science fondée sur les faits s’accordent avec les faits qu’ils ont sans cesse devant les yeux. Lorsqu’un commerçant vend à crédit des marchandises d’outre-mer à un manufacturier, n’est-ce pas un prêt que le commerçant fait d’une partie de sa valeur capitale au manufacturier, prêt qui dure jusqu’au moment où ce dernier s’acquitte ? Et cette double translation ne s’opère-t-elle pas en objets matériels, puisque le prêt s’opère en marchandises et le remboursement en argent ou en effets donnant droit à une somme d’argent ?

En même temps on peut voir combien cette manière scientifique de considérer les capitaux est propre à rectifier les notions imparfaites ou fausses, que l’on pourrait s’être formées d’une chose aussi commune et aussi généralement employée. En effet, si ce qui caractérise les capitaux est d’être une valeur avancée à des opérations productives, pour être remboursée par elles, toute valeur qui n’est pas sur la route de l’avance au remboursement n’est point une valeur capitale. Toute la portion de numéraire qui ne sert pas à la circulation des objets faisant partie d’un capital, par conséquent toute la portion du numéraire employée à acquitter des profits, des revenus, et destinée à l’achat d’objets de consommation, ne fait nullement partie des capitaux d’une nation. Augmenter l’agent de la circulation, n’est donc pas nécessairement la même chose qu’augmenter les capitaux ; et c’est une grande erreur des faiseurs de statistiques de mettre la valeur tout entière des monnaies au rang des capitaux d’un pays ; j’ai bien de la peine à croire que la moitié de cette valeur fasse partie des capitaux d’une nation.


L’économie politique, après avoir indiqué les sources

    transmissible à la vérité, mais qui réside néanmoins dans un corps visible, celui de la personne qui le possède.