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serions tous infiniment riches si tous les objets que nous pouvons désirer, ne coûtaient pas plus que l’air que nous respirons ; et notre indigence serait extrême, si les mêmes objets coûtaient infiniment cher, si nous n’avions aucun moyen d’atteindre à leur prix[1].


Tel est le mécanisme de la production vu en masse ; il présente de nombreux phénomènes quand on l’observe dans ses détails.

L’industrie de l’homme, qui consiste en général dans la faculté de créer des valeurs, y parvient par des voies diverses. Quand elle recueille les produits immédiats que la nature fournit à nos besoins, et qui ne sont le fruit d’aucune industrie antérieure, elle se nomme agriculture[2] ; quand elle modifie et transforme les produits des autres industries, c’est l’industrie manufacturière ; quand elle les place sous la main du consommateur, c’est le commerce.

Les procédés de toutes ces industries sont prodigieusement variés ; mais leur but est le même, celui de satisfaire aux besoins des hommes, dans l’état donné de leur civilisation ; de telle manière que l’usage de leurs produits présente aux consommateurs assez de jouissance pour qu’ils consentent à les payer ce qu’ils ont coûté. Les frais de leur production sont le prix des divers services dont

  1. Les sectateurs de Quesnay regardaient tout renchérissement comme un bien, parce qu’une plus grande valeur est une plus grande richesse. Ils n’envisageaient la question que d’un seul côté ; ils ne s’occupaient que de la valeur vénale des produits et ne pouvaient pas savoir encore à quel prix on les obtient, parce que le phénomène de la production n’était pas alors complètement analysé.
  2. Les économistes politiques assimilent aux travaux de l’industrie agricole ceux qui recueillent des mains de la nature les produits même qui n’ont point été provoqués par la culture, comme les poissons, les minéraux. L’opération de l’industrie se borne alors à les recueillir.