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Nous devons donc regarder les produits comme les résultats de trois services productifs : ceux des hommes industrieux, ou, si l’on veut les appeler d’un seul mot, des industrieux, ceux des capitaux, et ceux des fonds de terre ; et, comme l’entrepreneur d’industrie est celui qui a conçu l’idée du produit et trouvé les moyens de l’exécuter, nous mettrons sa coopération au premier rang des travaux industriels. Telle est celle de l’agriculteur qui entreprend une production agricole, du manufacturier qui entreprend de créer des produits manufacturés, du commerçant qui nous procure ceux du commerce.


Tout produit est un moyen de se procurer une satisfaction à soi-même, à sa famille, à la société ; il est donc un bien. Le travail au prix duquel on l’obtient est un sacrifice, un mal[1]. Lors même qu’on achète un produit, on fait, pour l’avoir, le sacrifice d’une valeur déjà acquise, et de laquelle on pouvait se promettre une jouissance. La perfection de l’industrie consiste, par conséquent, à se procurer le plus grand et le meilleur produit au prix du moindre travail, du moindre sacrifice. Ceci montre la nécessité d’admettre dans l’économie politique une appréciation rigoureuse, une évaluation du mal et du bien, qui résultent du jeu de cette grande machine. Or, qui peut mieux évaluer ces choses que les hommes dont se compose le public, et qui sont perpétuellement appelés à comparer l’étendue du sacrifice avec la jouissance qui en est le prix ? et quel meilleur moyen de connaître leur évaluation, que d’observer le prix courant des divers travaux et celui des divers produits ?

    pendantes de la valeur du champ lui-même. Le capital est un champ dont l’intérêt est le fermage.

    Nous n’avons de mesure de la production que la valeur des choses produites ; et, du moment que le consommateur attache à un produit une valeur suffisante, non seulement pour rétablir le capital, mais pour que le capitaliste soit payé de ses intérêts, et le propriétaire de son fermage, nous devons regarder ces dernières valeurs comme effectivement produites. Il est impossible sans cela d’expliquer raisonnablement les revenus.

  1. Il ne faut pas ici chicaner sur le mot. Moralement le travail est un bien, et le désœuvrement est le père des vices. Ce n’est pas non plus le travail qui est un amusement, dont il est ici question. C’est le travail laborieux, si je peux ainsi m’exprimer ; le travail soutenu dont on fait son état, sa profession, et non celui où nous ne cherchons qu’à satisfaire nos goûts.