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pager ni à s’étendre : est-il plus près de la nature que l’arbre qui, placé dans des circonstances plus favorables, se montre à vous avec toute sa majesté, riche de verdure et de fruits ? C’est une erreur trop commune que de représenter comme l’homme de la nature celui qui n’a pas su tirer parti de son intelligence. Notre intelligence fait partie de notre nature aussi bien qu’un bras robuste l’homme qui grimpe sur un arbre, faute d’avoir su construire une échelle, a développé ses membres aux dépens de son esprit : c’est à dire une faculté grossière qu’il possède en commun avec les brutes, aux dépens d’une faculté relevée, immense dans ses résultats, qui n’appartient qu’à lui et qui le place à la tête de la création. La nature a donné aux animaux une fourrure pour les garantir des outrages de l’air : elle a fait plus pour l’homme : elle lui a donné l’industrie pour se faire des habits et se bâtir des maisons. Elle lui a donné la parole et la sociabilité pour qu’il multiplie ses idées par les communications et jouisse des fruits qui naissent du pouvoir de l’association. L’homme est donc dans l’état de nature, lorsqu’il est en société et en possession de tous les avantages que procure la civilisation.

À quelque degré de civilisation que la société soit parvenue, elle ne peut se maintenir au même point, qu’autant que les besoins qui dérivent de cet état de la société ne soient satisfaits ; autrement elle ne serait plus au même état. Or comment ces besoins parviennent-ils à être satisfaits ? Telle est la question à laquelle répond l’économie politique, ou, si l’on veut, l’économie des nations.


La nature pourvoit gratuitement à plusieurs de nos besoins puisqu’elle nous fournit l’air et la lumière. Notre industrie nous procure tout le reste ; et ce reste paraîtra bien important, si nous considérons qu’il compose tout ce qu’une nation civilisée possède de plus qu’une peuplade de sauvages ; la nature donne gratuitement au sau-