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xxviij INTRODUCTION.


qui a publié un Dictionnaire critique des Synonymes, précédé d'un Essai sur la théorie de la synonymie allemande. Un étranger peut difficilement juger par lui-même du mérite de cet ouvrage ; mais l'auteur, aussi distingué par sa profondeur philosophique que par la pureté et l'élégance de son style, est mis en Allemagne au nombre de ces écrivains classiques qui ont le mérite d'avoir fixé et même créé la langue : ce titre seul est, pour son Dictionnaire des Synonymes, le plus bel éloge et la plus puissante recommandation. Quant à l'essai, malgré un peu de prolixité et de diffusion, il contient d'excellentes choses, et j'en ai emprunté presque littéralement tout ce qui m'a paru d'une vérité indépendante des applications particulières ; je dois entre autres à M. Eberhard plusieurs des idées qui concourent à la solution de cette question : Quelles conditions sont nécessaires pour que des mots soient synonymes ? Les Allemands, nation éminemment douée de l'esprit philosophique, se font reconnaître partout à la sagacité et à la profondeur de leurs vues ; ils ont porté spécialement dans leurs recherches philologiques une solidité, une sagesse, une étendue dans les idées, qui font de leurs livres des mines inépuisables, je n'ai que le regret de n'en avoir pas tiré tout ce qu'ils auraient pu me fournir. Le célèbre Adelung entre autres a écrit sur la théorie des synonymes plusieurs morceaux où l'on retrouve son érudition et son génie.


Stosch, Fischer, Teller, Schlüter, etc., occupent un rang distingué parmi les Ecrivains de leur nation qui se sont occupés de l'étude des synonymes.


Les Anglais ne semblent pas s'être autant appliqués à ce genre d'étude que les Allemands et les Français : du moins je ne connais sur cette matière, dans leur littérature, que les Essais du docteur Hugh Blair, dans son Cours de Rhétorique et de Belles Lettres ; la Synonymie anglaise, publiée à Londres par MM. Piozzi, et un recueil en 2 volumes, intitulé : Synonymes anglais, ou différences entre les mots réputés synonymes dans la langue anglaise, traduit en français en 1803, par M. P. L. Ce dernier ouvrage m'a paru incomplet et souvent inexact : celui de MM. Piozzi est peu estimé.


Venons-en aux auteurs français ; les seuls dont les travaux nous appartiennent en propre et dont nous puissions juger le mérite. L'abbé Girard est le premier qui ait fait