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INTRODUCTION. xxv


des synonymes ; elle rend aux divers mots d'une même famille leur physionomie propre et leur caractère original ; elle sépare, en quelque sorte, les rameaux d'un même tronc, et l'influence qu'elle exerce sur la clarté des expressions, s'étend aux idées même qui acquièrent par elle une netteté plus grande.


L'importance de cette étude est donc incontestable ; aussi a-t-elle été sentie dans les temps anciens comme de nos jours. Cicéron et Quintilien, peut-être les deux juges les plus compétents que l'antiquité puisse offrir sur cette matière, ont parlé positivement de la nécessité de distinguer les synonymes : " Quamquam enim vocabula, dit le premier, propè idem valere videantur, tamen quia res differebant, nomina rerum distare voluerunt. Car, bien que les mots paraissent avoir à peu près le même sens, il existe toujours entre eux une différence due à celle qui existe entre les objets qu'ils sont destinés à représenter " (Vid. CIC. Top. c. 8, § 34.) Quintilien dit aussi : " Pluribus autem nominibus in eâdem re vulgò utimur, qui tamen, si deducas, suam propriam quamdam vim ostendent. Inst. or. VI, 3, 17. Nous nous servons souvent de plusieurs mots pour exprimer la même chose ; mais si vous les analysez avec soin, vous verrez qu'ils ont chacun leur propriété particulière. "


Les anciens ont dû par conséquent s'occuper de cette étude : l'histoire de leurs travaux et de ceux des grammairiens modernes, tant nationaux qu'étrangers, est assez peu connue pour que les lecteurs attentifs y trouvent de l'intérêt : j'entrerai dans quelques détails sur les ouvrages les plus importants par leur réputation ou par leur mérite.


Le plus ancien des auteurs connus sur cette matière, est le grammairien Ammonius, qui florissait au commencement du deuxième siècle de l'ère chrétienne, et qui a écrit en grec un traité sur la différence des mots synonymes. On ne connaissait guère ni l'ouvrage ni l'auteur avant l'édition que le célèbre Valckenaer en donna à Leyde en 1739 ; le nom même d'Ammonius, l'époque où il vivait, le texte de son livre, étaient des sujets de discussion et de doute. Les uns attribuaient ce Traité à un certain Herennius Philo, prédécesseur d'Ammonius ; les autres lui donnaient pour auteur un Ammonius plus moderne ; dont l'historien Socrate fait men-