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INTRODUCTION. xvij


tête d'une personne quelconque s'appelle une image et un portrait ; elle est image en tant qu'elle offre la ressemblance de l'original, et portrait en tant qu'elle est peinte ; image peinte. En voyant cette copie, je vois en même-temps une image et un portrait ; mais cette vue ne m'apprend rien de ce qui distingue le portrait de l' image ; elle ne me découvre pas leurs caractères particuliers ; il faut donc avoir recours à l'analyse des synonymes.

Ce cas se présente toutes les fois que les mots représentatifs des objets physiques ne les désignent pas d'une manière positive et spéciale.

3° Enfin, les termes techniques ou scientifiques dont la signification propre est fixée dans la science ou dans l'art auquel ils appartiennent et hors duquel il ne se présentent pas ordinairement, ne sauraient être synonymes ; ainsi une houe n'est pas synonyme d'un hoyau, quoiqu'on les confonde souvent, parce qu'en agriculture un hoyau est une houe à deux tranchants.

Il est des mots qui, bien qu'appartenant à une science, se reproduisent fréquemment hors de son domaine, et sont d'un grand usage, soit dans la prose, soit dans la poésie ; sous ce dernier point de vue, on peut, je pense, les considérer comme synonymes, bien qu'ils ne le soient pas dans la science à laquelle ils appartiennent ; ainsi les mots fleuve et rivière ne sont pas synonymes pour un géographe, qui n'appelle fleuve que la rivière qui a son embouchure dans la mer, mais ils peuvent l'être pour le poète qui, sans doute, n'est pas obligé à une exactitude plus minutieuse que celle du Dictionnaire de l'Académie, où l'on ne met entre fleuve et rivière d'autre différence que celle de la grandeur.

Je range dans la classe des termes techniques les noms des jeux, des danses, etc., qui sont distincts par leur nature même, et ne sauraient être confondus par ceux qui les connaissent, quelques rapports qu'ils aient d'ailleurs entre eux. Maintenant que les conditions nécessaires pour rendre des mots vraiment synonymes sont assignées, nous n'aurons plus qu'à voir si elles se trouvent dans ceux qui font l'objet de notre travail: nous connaissons leur sens propre et leurs modifications ; la comparaison qui reste à faire est facile, et doit avoir pour résultat la détermination des caractères distinctifs de chaque mot.

Pour donner à ce résultat plus d'évidence, il est essen-


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