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xvj INTRODUCTION.


On voit, par ce seul exemple, à combien de synonymes un mot peut se trouver associé par des rapports éloignés sans doute, mais réels, quoique incapables d'établir entre ce mot et les derniers de ceux qui s'y attachent une synonymie proprement dite. Il suffit de jeter les yeux sur ce tableau pour reconnaître la nécessité des deux conditions sans lesquelles, comme nous l'avons dit, les mots ne sauraient être synonymes. 1°. Ils doivent être liés par une idée générique commune ; 2°. et différenciés par des idées particulières assez peu distantes, soit de l'idée générique, soit entre elles, pour qu'une analyse fine puisse seule les distinguer.

Gardons-nous de croire cependant que tous les mots où ces conditions sont réunies soient synonymes : ils peuvent avoir des propriétés qui s'y opposent. Je vais en indiquer quelques-unes.

1°. Les termes dont le sens propre peut être saisi au premier coup d'œil, c'est-à-dire dont la composition est telle qu'elle indique clairement ce qu'il y a de commun et de particulier dans les idées qu'ils expriment, ne sauraient être synonymes. C'est à tort que MM. Piozzi ont fait entrer dans leur synonymie anglaise, les expressions chien de chasse, chien couchant, chien basset, etc. elles ont, à la vérité, une idée générique commune et une idée particulière qui les différencie ; mais cette dernière, énoncée d'une manière positive, les distingue trop spécialement pour qu'une analyse quelconque soit nécessaire.

2°. Les mots qui expriment des objets physiques, susceptibles de tomber individuellement sous les sens, ne peuvent être traités comme synonymes, parce que la seule inspection de l'objet suffit pour faire connaître leurs caractères distinctifs ; tels sont un grand nombre de mots qui désignent des ouvrages de l'art ou des productions de la nature. Un chêne, un tilleul, sont de grands arbres ; une tasse, un verre sont des vases à boire ; un palais et une cabane sont des habitations, et cependant ces mots ne seront jamais dits synonymes, car la simple représentation de l'objet les distingue clairement.

Il y a ici une exception à faire. Les objets qui sont du domaine des sens appartiennent quelquefois à diverses classes de choses ; ils sont liés avec chacune de ces classes par différents rapports, et diversement modifiés par chacun de ces rapports ; ils tirent souvent leur nom de ces modifications mêmes. Ainsi la copie faite par un peintre de la