Page:Guizot - Dictionnaire universel des synonymes, 1809.djvu/17

Cette page a été validée par deux contributeurs.
vj
INTRODUCTION.

« Définissons les termes, dit l’abbé Roubaud, tirons de leurs définitions leurs différences, et justifions-les par l’usage. »

L’étymologie apprend aussi à connaître le sens primitif, et par conséquent le sens propre des termes. Je ne répéterai pas que si les erreurs où sont tombés quelques savants en s’occupant de ce genre de recherches, si les vains systèmes qu’ils ont rêvés, ont pu décrier l’étymologie auprès de ceux qui sont plus frappés d’un tour de force ridicule que de cent vérités découvertes, il n’en est pas moins vrai qu’elle est le seul flambeau à la lumière duquel on puisse étudier les langues, et surtout les rapports de synonymie qui existent entre les mots. Si l’abbé Roubaud, qui en avait senti l’importance, s’est laissé aller quelquefois à des hypothèses sans fondements, c’est qu’il voulait, comme plusieurs Philologues, trouver tout dans les débris du Celte, et tirer du langage d’une peuplade toutes les langues modernes : son exemple montre un écueil à éviter, et ne fait aucun tort à l’étymologie en général, dont il a d’ailleurs profité souvent avec finesse et vérité.

Il est une espèce d’étymologie plus claire et moins incertaine que les autres, dont on se sert avec succès dans l’étude des synonymes ; je veux parler de celle des onomatopées.

Les onomatopées sont des mots qui rappellent par leurs sons l’objet ou l’action qu’ils désignent. Les langues, dans leur origine, n’ont dû être composées que d’onomatopées, et il en reste encore plus qu’on ne le croit vulgairement. Cette qualité seule, reconnue dans un mot, ne laisse aucun doute sur son sens propre ; elle lui donne, pour ainsi dire, un corps, en l’unissant d’une manière inséparable avec son objet : le signe devient l’image fidèle du signifié, et se trouve distingué par lui-même de ses synonymes.

Parmi les autres moyens que l’on peut employer pour reconnaître la signification primitive des mots, le plus remarquable est celui que fournit leur terminaison.

Comme les langues se sont formées avec plus de régularité qu’on n’est d’abord tenté de le croire, il est aisé de voir que les mots (les noms, par exemple) sont susceptibles d’être rangés, d’après leur terminaison, sous diverses classes essentiellement distinctes : ainsi la terminaison eur