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INTRODUCTION.


Ce n’est pas d’après le nombre des mots qu’il faut calculer la richesse d’une langue, mais d’après celui de leurs valeurs et des idées qu’ils expriment. Cette vérité vulgaire suffit pour faire sentir l’importance de l’étude des synonymes.

Le caractère de la langue française donne encore pour nous un degré de plus à cette importance. Peu riche par le nombre des mots, notre Dictionnaire doit suppléer à cette indigence par la variété des significations. Un mot susceptible de trois acceptions est l’équivalent de trois mots ; il ne s’agit que de déterminer positivement la différence de ces acceptions ; cette détermination ajoute aux ressources de la langue par des distinctions fines, mais toujours vraies.

Les synonymes, d’après une étymologie rigoureuse, sont des termes qui ont le même sens : on a modifié cette acception, et on appelle synonymes les termes dont le sens a de grands rapports, et des différences légères, mais réelles.

Les rapports frappent au premier coup d’œil ; c’est à saisir les différences qu’il faut s’appliquer.

Le premier pas à faire vers ce but, est de fixer avec exactitude le sens propre de chaque mot, considéré d’une manière absolue et indépendante : il sera facile ensuite d’assigner les modifications que ce sens peut recevoir ; il ne restera plus alors qu’à comparer le sens propre des mots et leurs modifications pour découvrir clairement la diversité de leurs significations primitives et accessoires.

Pour déterminer le sens propre d’un mot, il faut le considérer sous deux points de vue ; l’un logique, l’autre grammatical : quant au premier, l’analyse des idées dont le sens du mot se compose est le guide qu’il faut suivre ; pour le second, l’examen de son étymologie est le principal moyen à employer.

L’analyse des idées constitutives d’un mot a pour résultat une bonne définition ; c’est donc par cette définition que doivent commencer tous les synonymes : elle se fait en rassemblant les diverses acceptions dont le mot est susceptible dans la langue, en voyant ce qu’elles ont entre elles de commun, et en prenant l’idée qui se retrouve dans toutes pour le sens propre du mot.