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Nous lisons dans les Fastes Consulaires xli que Théodomer, roi des Francs, fils de Richimer, et Aschila sa mère, furent massacrés. On rapporte aussi qu’alors Chlogion, homme puissant et distingué dans son pays, fut roi des Francs ; il habitait Dispargum[1] xlii qui est sur la frontière du pays de Tongres. Les Romains occupaient aussi ces pays, c’est-à-dire vers le midi jusqu’à la Loire. Au-delà de la Loire le pays était soumis aux Goths. Les Bourguignons, attachés aussi à la secte des Ariens, habitaient au-delà du Rhône qui coule auprès de la ville de Lyon. Chlogion, ayant envoyé des espions dans la ville de Cambrai et ayant fait examiner tout le pays, défit les Romains et s’empara de cette ville[2] [vers l’an 445]. Après y être demeuré quelque temps, il conquit le pays qui s’étend jusqu’au fleuve de la Somme. On prétend que le roi Mérovée, qui eut pour fils Childéric, était né de sa race.

Mais il paraît que cette race fut toujours adonnée aux cultes idolâtres, et ne connut pas du tout le vrai Dieu. Ils se firent des images des forêts, des eaux, des oiseaux, des bêtes sauvages et d’autres objets, et s’accoutumèrent à les adorer, leur offrant des sacrifices. Oh ! si cette voix terrible que Dieu fit entendre au peuple par la bouche de Moïse avait frappé les fibres de leurs cœurs : « Vous n’aurez point des dieux étrangers devant moi ; vous ne vous ferez point d’image taillée, ni aucune figure de ce qui est en haut dans le ciel, et en bas sur la terre, ni de tout ce qui est dans les eaux sous la terre[3] xliii. » Et ces paroles-ci : « Vous crain-

  1. Duyshorck, entre Bruxelles et Louvain.
  2. Vers l’an 445
  3. Exod. chap. 20, v. 3, 4.