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craignant qu’Aetius ne le mît sous le joug, le tua sans sujet [454]. Lui-même à son tour, siégeant sur son tribunal dans le champ de Mars et parlant au peuple, fut surpris par derrière et percé d’une épée par Occylla [455], trompette d’Aétius. Telle fut la fin de l’un et de l’autre.

Beaucoup de personnes ignorent xxi quel fut le premier roi des Francs. Quoique Sulpice Alexandre[1] xxii rapporte sur eux beaucoup de choses, il ne nomme pas les premier de leurs rois, et dit qu’ils avaient des ducs : il est bon cependant de rapporter ce qu’il raconte de ces derniers chefs. Après avoir dit que Maxime, ayant perdu tout espoir de conserver l’Empire, restait dans Aquilée, presque privé de tout, il ajoute : « Dans ce temps les Francs [l’an 388], sous la conduite de Gennobaude, Marcomer et Sunnon, leurs ducs, firent une irruption dans la Germanie[2] xxiii, et, passant la frontière, massacrèrent beaucoup d’habitants, et, ayant ravagé des cantons d’une grande fertilité, portèrent l’épouvante jusqu’à Cologne [Colonia Agrippina].

« Aussitôt que la nouvelle en eut été portée à Trèves xxiv, Nannénus et Quintinus, commandants de la milice, à qui Maxime avait confié l’enfance de son fils et la défense des Gaules, assemblèrent une armée et se rendirent à Cologne. Mais les ennemis, chargés de butin, après avoir pillé les richesses des provinces, repassèrent le Rhin, laissant sur le territoire romain plusieurs des leurs prêts à recommencer le ravage. Les Romains les combattirent avec avantage, et tuèrent un grand nombre de Francs près de la forêt des

  1. Historien qui n’est connu, comme Renatus Frigeridus, que par ce passage de Grégoire de Tours.
  2. Province romaine sur la rive gauche du Rhin.