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chargé de leur porter les instructions suivantes, qu’aussitôt que les ennemis entreraient en Italie, ils les attaquassent par derrière, tandis que lui les prendrait de front. Et comme nous aurons par la suite beaucoup de choses à dire sur cet homme, je juge à propos de parler de sa naissance et de son caractère. Son père Gaudentius, de la principale ville de la province de Scythie, ayant commencé la guerre par l’état de domestique, parvint jusqu’au grade de maître de la cavalerie. Sa mère, Itala, était une femme noble et riche ; leur fils Aetius, prétorien dès son enfance, fut à trois ans remis en otage à Alaric, de là aux Huns ; ensuite, étant devenu gendre de Carpillion, il commença, en qualité de comte des domestiques, à être chargé de l’administration du palais de Jean. Il était d’une taille médiocre, d’un corps vigoureux, sans faiblesse ni pesanteur, d’un extérieur mâle et élégant, d’un esprit très actif ; cavalier très agile, habile à lancer des flèches, adroit la lance à la main, très propre à la guerre, excellent dans les arts de la paix. Exempt d’avarice et de toute avidité, il était doué des dons de l’esprit, ne s’écartant pas de son devoir par de mauvais penchants, supportant les outrages avec une très grande patience, aimant le travail, ne craignant aucun danger, souffrant avec beaucoup de courage la faim, la soif et les veilles. Il est certain qu’il lui fut prédit, dès son jeune âge, à quelle puissance le destin le réservait, et qu’il serait renommé dans son temps et dans son pays. »

Voilà ce que rapporte sur Aétius l’historien nommé ci-dessus. Mais l’empereur Valentinien, devenu adulte,