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du vieillard, regarder pour la troisième fois du haut du rempart, et aperçoivent de loin comme un nuage qui s’élève de la terre. Ils l’annoncent au pontife qui leur dit : « C’est le secours du Seigneur. » Cependant les remparts, ébranlés déjà sous les coups du bélier, étaient au moment de s’écrouler lorsque voilà Aétius qui arrive, voilà Théodoric, roi des Goths, ainsi que Thorismund son fils, qui accourent vers la ville à la tête de leurs armées, renversant et repoussant l’ennemi. La ville ayant donc été délivrée par l’intercession du saint pontife, ils mettent en fuite Attila, qui, se jetant dans les plaines de Méry[1] xvii, se dispose au combat ; ce que les Orléanais apprenant, ils se préparent à lui résister avec courage.

Dans ce temps, le bruit parvint à Rome qu’Aetius avait à soutenir un rude combat au milieu des phalanges des ennemis. Sa femme ayant appris cette nouvelle, triste et tourmentée, se rendait assidûment à la basilique des saints apôtres, et demandait au ciel de voir revenir son mari sain et sauf. Comme elle priait nuit et jour, il arriva qu’une nuit un pauvre homme pris de vin s’endormit dans un coin de la basilique de l’apôtre saint Pierre, de manière qu’il n’était pas sorti lorsque, selon la coutume, les gardes fermèrent les portes. S’éveillant au milieu de la nuit, il vit toute l’église resplendissante de lumière. Saisi d’épouvante, il chercha une issue pour s’échapper ; mais après avoir essayé d’ouvrir une première porte, puis une autre, et reconnu qu’elles étaient toutes fermées, il se coucha par terre, et attendit en tremblant l’instant où le peuple s’assemblerait pour chanter les

  1. Méry-sur-Seine, Mauriacum.