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qui révèle le secret de l’état social à cette époque. Ce n’est pas l’histoire distincte de l’Église, ce n’est pas non plus l’histoire civile et politique seule qu’a voulu retracer l’écrivain ; l’une et l’autre se sont offertes en même temps à sa pensée, et tellement unies qu’il n’a pas cru pouvoir les séparer. Le clergé et les Francs, c’était alors en effet toute la société, la seule du moins qui prît vraiment part aux événemens et pût prétendre à une histoire. Le reste de la population vivait et mourait misérable, inactif, ignoré.

L’origine de Grégoire de Tours semblait le vouer à l’Église ; la famille de sa grand’mère Léocadie, l’une des plus considérables du Berry, avait donné au christianisme Vettius Epagatus, l’un des premiers et des plus illustres martyrs des Gaules ; son père Florentius et sa mère Armentaria descendaient l’un et l’autre de S. Grégoire, évêque de Langres ; il avait pour grand oncle S. Nicet[1], évêque de Lyon, et pour oncle S. Gal, évêque de Clermont ; tous les souvenirs

    toria Francorum, ou Gesta Francorum ; quelques-uns même simplement Chronicæ ; mais les plus anciens sont intitulés Historia ecclesiastica Francorum, et le début du second livre indique clairement que tel est en effet le titre que Grégoire de Tours a dû donner à son ouvrage.

  1. Ou S. Nizier.