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dessein de mourir pour la foi catholique, il répondit : « Mourir pour la justice, c’est vivre éternellement. » Alors le glaive demeura suspendu et on l’envoya en exil à Albi, ville des Gaules, où il termina sa vie sur la terre. De fréquens miracles manifestent aujourd’hui la sainteté de son tombeau. Le roi ordonna que saint Vindémiale fût frappé de l’épée, et il mourut dans ce combat. Octavien, archidiacre, et beaucoup de milliers d’hommes et de femmes attachés à notre croyance furent mutilés et mis à mort ; mais ce n’était rien aux yeux de ces saints confesseurs, de souffrir ainsi pour l’amour de la gloire ; car, tourmentés en des choses de peu, ils se savaient destinés à de grands biens, selon ces paroles de l’apôtre : « Les souffrances de la vie présente n’ont point de proportion avec cette gloire qui sera un jour découverte en nous[1] x. »

En ces années, beaucoup de gens, renonçant à leur foi pour acquérir des richesses, se précipitèrent eux-mêmes en de nombreuses douleurs, comme ce malheureux évêque, de nom Révocatus, qui révoqua, dans ce temps, ses promesses à la vraie foi. Alors le soleil parut obscurci, de manière qu’à peine en voyait-on briller la troisième partie ; j’en attribue la cause à tant de crimes et à l’effusion du sang innocent. Humeric, après un si grand forfait, fut possédé du démon, et lui qui s’était longtemps abreuvé du sang des saints, se déchirait par ses propres morsures ; ce fut dans ces tourmens qu’une juste mort termina son indigne vie. En 484 Hilderic lui succéda, et à sa mort xi, Gélésimère parvint au gouvernement. Celui-ci, ayant été vaincu par la république, termina sa vie en même

  1. Épît. de S. Paul aux Romains, chap. 8, v. 18.