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l’homme recouvra la santé, et l’on reconnut clairement, par la cécité de cet homme, que la doctrine de cet évêque des hérétiques couvrait les yeux du cœur d’un voile déplorable, afin qu’ils ne pussent contempler la vraie lumière de la foi ; malheureux qui n’étant pas entré par la porte, c’est-à-dire par le Christ, qui est la vraie porte, était devenu le loup plutôt que le gardien du troupeau, et s’efforçait, par la méchanceté de son cœur, d’éteindre dans le cœur des fidèles le flambeau de la foi qu’il aurait dû y allumer. Les saints de Dieu firent, au milieu du peuple, beaucoup d’autres miracles, et le peuple n’avait qu’une voix pour dire : « On doit adorer d’une même foi, redouter d’une même crainte, et honorer d’un même respect le vrai Dieu père, le vrai Dieu fils, le vrai Dieu Saint-Esprit. » Car il était clair à tous que la doctrine de Cyrola était fausse.

Mais le roi Huneric, voyant que la glorieuse fidélité des saints faisait ainsi paraître à nu la fausseté de ses doctrines, que la secte de l’erreur se détruisait au lieu de s’établir, et que la fourberie de son pontife avait été mise à découvert par cette action criminelle, ordonna qu’après bien des tourmens, après les avoir fait passer par les chevalets, les flammes et les crocs de fer, on mît à mort les saints de Dieu ; mais il feignit seulement de vouloir faire décoller le bienheureux Eugène, car il ordonna que si, au moment où le glaive menacerait sa tête, il n’embrassait pas la secte des hérétiques, on s’abstînt de le tuer, de peur que les chrétiens ne le révérassent comme martyr, mais qu’il fût condamné à l’exil, ce qui arriva en effet ; car sur le point de recevoir la mort, ayant été interrogé s’il avait