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sirons cependant pour les raconter les souffrances de quelques-uns de ces martyrs, afin d’accomplir ce que nous avons promis.

Cyrola, faussement appelé évêque, passait alors pour le plus ferme soutien de l’hérésie ; et, comme le roi prenait divers moyens pour persécuter les Chrétiens, le persécuteur trouva dans un faubourg de sa ville l’évêque Eugène, homme d’une ineffable sainteté, et qu’on tenait pour très sage ; il le fit enlever si violemment qu’il ne lui fut pas permis d’aller exhorter le troupeau des fidèles. Mais, voyant qu’on l’emmenait, il écrivit à ses concitoyens, pour les engager à conserver la foi catholique, une lettre conçue en ces termes :

« L’évêque Eugène, à ses très aimés et, dans l’amour du Seigneur, très chers fils et filles de l’Église, que Dieu m’a confiés. L’autorité royale a parlé et nous a ordonné par un édit de venir à Carthage pour y manifester notre foi catholique ; et afin de ne pas livrer, en m’éloignant, l’église de Dieu à un état équivoque et de suspension, et de ne pas quitter, pasteur infidèle, les brebis du Seigneur sans leur adresser la parole, j’ai cru nécessaire de vous envoyer à ma place ces lettres pour vous conduire dans la sainteté. Je vous conjure donc, et non sans répandre des larmes, je vous exhorte, vous avertis et vous supplie très fort au nom de la majesté de Dieu, du redoutable jour du jugement et de la terrible splendeur de la vertu du Christ ; demeurez inébranlables dans la foi catholique et fermes à soutenir le Fils égal au Père, et le Saint-Esprit avec le Père et le Fils dans une même divinité. Conservez les grâces d’un