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ne soient pas détruites ; mais que deux des nôtres s’avancent avec leurs armes de guerre au milieu du champ de bataille et combattent entre eux : le peuple dont le guerrier sera vainqueur obtiendra sans contestation tout le pays. » Tout le peuple y consentit, afin que cette multitude entière n’allât pas se précipiter sur la pointe des glaives. Ces jours-là le roi Gunderic était mort, et Thrasamund avait à sa place obtenu le trône[1] ii. Les deux guerriers ayant combattu, le parti des Vandales fut vaincu. Thrasamund, dont le guerrier avait été tué, promit de s’éloigner de bonne grâce : ainsi, lorsqu’il eut préparé les choses nécessaires à son voyage, il s’éloigna des confins d’Espagne.

Dans le même temps, Thrasamund exerça une persécution contre les chrétiens, et il contraignait toute l’Espagne, par des tourmens et des supplices divers, à trahir la foi pour embrasser la secte d’Arius. Il arriva qu’une jeune fille pieuse, opulente en richesses, honorée selon le siècle à cause de sa noblesse sénatoriale, et, ce qui est plus noble que tout le reste, ferme dans la foi catholique et servant Dieu tout-puissant avec un zèle sans tache, se trouva soumise à cette épreuve. Quand elle fut amenée en présence du roi, il commença par des discours flatteurs à vouloir lui persuader de se faire rebaptiser. Mais, comme munie du bouclier de la foi, elle repoussait son trait empoisonné, le roi ordonna qu’on s’emparât de tous les biens de celle qui, en esprit, possédait déjà les royaumes du Paradis, et ensuite qu’on la tourmentât par des sup-

  1. Ce fut Genséric, et non Thrasamund, qui succéda à Gunderic son frère, et emmena les Vandales en Afrique en 428. Thrasamund régna en Afrique de l’an 496 à l’an 523.