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guerres des rois et les vertus des martyrs. Nous en avons usé de même en cet écrit, afin qu’il fût plus aisé de suivre jusqu’à nos jours la série des temps et le calcul des années. Passant donc sur ce qu’ont raconté les auteurs dont on vient de parler, nous rapporterons, avec l’aide de Dieu, les choses arrivées depuis.

Après la mort de saint Martin, évêque de Tours, homme éminent et incomparable, dont les vertus nous sont rapportées en de nombreux volumes, Brice lui succéda dans l’épiscopat. Cependant, durant la vie de saint Martin sur la terre, Brice lui avait tendu beaucoup d’embûches, parce que celui-ci lui avait souvent reproché de se livrer à des choses de peu de travail. Un jour, un malade, voulant demander à saint Martin quelque remède, vint trouver Brice, qui n’était encore que diacre, et lui dit avec simplicité : « Voilà que j’attends le saint homme, et je ne sais où il est, ni ce qu’il fait. » Brice lui dit : « Si tu cherches ce fou, regarde là bas ; le voilà qui considère le ciel selon sa coutume, comme un homme hors de sens. » Et lorsque ce pauvre, l’ayant rencontré, eut obtenu ce qu’il demandait, le saint homme parla ainsi à Brice : « Brice, je te parais donc fou ? » Comme celui-ci, confus en entendant ces mots, niait qu’il eût parlé ainsi, le saint homme lui dit : « Mes oreilles n’étaient-elles pas prés de ta bouche quand tu prononçais là bas ces paroles ? Je te dis amen, car j’ai obtenu de Dieu qu’après moi tu fusses honoré du pontificat ; mais tu connaîtras que dans l’épiscopat tu es destiné à bien des peines. » Brice, entendant ces paroles, s’en moqua en disant : « N’avais--