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et, ce qui est bien plus que toutes ces choses, où la présence du Seigneur lui-même, dont il jouit par la contemplation, le transporte dans l’état des anges et le pénètre d’une joie impérissable.  Il lui dit : « À tes douces paroles, la vie éternelle brille à mes yeux comme un soleil resplendissant ! Si donc tu veux t’abstenir de toute concupiscence charnelle, je m’unirai à tes pensées. Elle lui répondit : Il est difficile que les hommes accordent aux femmes de telles choses. Cependant, si tu fais en sorte que nous demeurions sans tache dans ce monde, je te donnerai une part de la dot qui m’a été promise par mon époux, mon Seigneur Jésus-Christ ; à qui je me suis consacrée comme servante et comme épouse. » S’étant alors armé du signe de la croix, il lui répondit : « Je ferai ce à quoi tu m’exhortes. » S’étant donné les mains ils s’endormirent. Ils couchèrent depuis pendant un grand nombre d’années dans un seul lit, et vécurent dans une admirable chasteté, comme leur mort le prouva dans la suite. Leur épreuve étant accomplies lorsque la jeune fille monta vers le Christ, son mari s’étant acquitté des devoirs funéraires, dit, en la déposant au tombeau : « Je te rends grâce, ô Notre Seigneur Dieu éternel ; je rends à ta piété ce trésor sans tache comme je l’ai reçu de toi ! » À ces paroles, s’étant mise à sourire dans son cercueil, elle lui dit : « Pourquoi dis-tu ce qu’on ne te demande pas ? » Il ne tarda pas longtemps à la suivre. Comme on les avait placés dans deux tombeaux séparés par une cloison, on vit un nouveau miracle qui mit au grand jour leur chasteté. Le lendemain matin, le peuple s’étant approché de l’endroit, trouva réunis les tombeaux qu’il avait