Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/500

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

testius. Celui-ci, sans examiner la vérité des faits, lui dit : « Tu n’entreras point dans la ville, mais seras condamné à l’exil, parce que tu as reçu les messagers de l’ennemie du roi notre seigneur. — Je ne sais, répondit l’évêque, ce que tu veux dire, mais cependant voici les jours saints, allons à la ville, et, après les solennités de ces saintes fêtes, porte contre moi l’accusation que tu voudras et écoute mes raisons ; car ce que tu crois n’est pas véritable. — Point du tout, dit Antestius, tu n’atteindras pas le seuil de ton église, car il paraît que tu as manqué de foi au roi notre seigneur. » Que dirai-je de plus ? Il retint l’évêque sur la route, fit l’inventaire de la maison épiscopale, et en enleva les effets. Les citoyens ne purent obtenir de lui qu’au moins la chose ne fût discutée qu’après la célébration des fêtes de Pâques. Mais, comme ils le sollicitaient et qu’il se refusait à leurs prières, il découvrit enfin la plaie cachée de son cœur. « S’il veut, dit-il, remettre en mes mains, à titre de vente, la maison qu’on sait qu’il possède dans le territoire de Bourges, je ferai ce que vous demandez, autrement il ne sortira de mes mains que pour aller en exil. » L’évêque n’osa refuser ; il écrivit, signa et livra son champ. Puis, ayant donné caution de se présenter devant le roi, il lui fut permis de rentrer dans la ville. Les jours saints passés, il se rendit vers le roi, Antestius s’y rendit aussi ; mais ne put rien prouver de ce qu’il avait imputé à l’évêque. L’évêque s’en retourna dans sa ville, et son affaire fut renvoyée au futur synode, afin qu’on y examinât si l’on pouvait prouver quelque chose de ce dont on