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embrâsait l’une après l’autre les maisons des marchands. » Trois nuits après le jour où cette femme avait parlé ainsi, à l’entrée du crépuscule, un citoyen entra dans son cellier avec une lumière, et y ayant pris de l’huile et d’autres choses dont il avait besoin, il sortit, laissant sa lumière proche de la tonne d’huile. Sa maison était la première contre la porte qui s’ouvre du côté du midi. Cette lumière mit le feu à la maison, elle brûla, et l’incendie commença à gagner les autres. Comme le feu allait se communiquer aux prisons où étaient enchaînés les prisonniers, saint Germain leur apparut, et ayant brisé les chaînes auxquelles ils étaient attachés, ouvrit les portes de la prison ; en sorte qu’ils sortirent sans aucun mal. Sortis de la prison, ils se rendirent à la basilique de Saint-Vincent, dans laquelle est le tombeau de ce bienheureux évêque. Le vent qui soufflait portait la flamme dans toute la ville, et l’incendie, dans sa plus grande force, commençait à s’approcher de l’autre porte où l’on avait dédié un oratoire à saint Martin ; il avait été construit en ce lieu, parce que le saint y avait guéri un lépreux en l’embrassantxlv. L’homme qui avait construit cet oratoire de roseaux entrelacés sur le haut de sa maison, plein de confiance dans le Seigneur, et ne doutant pas non plus des mérites de saint Martin, se réfugia avec ce qu’il possédait dans l’oratoire, disant : « Je crois, et suis dans la confiance que celui qui a souvent commandé aux flammes, et qui a guéri en ce lieu un lépreux par ses baisers, repoussera d’ici cet incendie. » Lorsque le feu commença à s’approcher, de gros globes de flammes venaient frapper les parois de l’oratoire, et s’éteignaient aussi-