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de Rome, occupé pour la vingt-septième fois, et excitèrent contre les Chrétiens une cruelle persécution. Alors Rome fut illustrée par le bienheureux sang de Corneille [252], et Carthage par celui de Cyprien [258]. Du temps de ces deux empereurs, Chrocus, roi des Allemands, ayant levé une armée, ravagea les Gaules. On rapporte que ce Chrocus était d’une grande arrogance ; ayant commis quelques crimes par le conseil d’une mère perverse, il rassembla la nation des Allemands, se répandit dans toute la Gaule, et renversa de fond en comble tous les édifices anciens. Étant arrivé en Auvergne, il incendia, renversa et détruisit un temple que les habitants appelaient Vasso, en langue gauloise[1] xliii. Il était d’une construction admirable et très solide, car ses murs étaient doubles ; ils étaient battis en dedans, avec de petites pierres, en dehors avec de grandes pierres carrées, et avaient trente pieds d’épaisseur. L’intérieur était décoré de marbres et de mosaïques, le pavé était en marbre et le toit en plomb.

Auprès de la ville de Clermont reposent les martyrs Liminius et Antolien. Cassius et Victorin, liés par une amitié fraternelle dans l’amour du Christ, répandirent leur sang ensemble, et entrèrent ensemble dans le royaume des cieux. La tradition rapporte que Victorin avait été au service du pontife du temple dont je viens de parler. Allant souvent dans la rue appelée rue

  1. D'autres manuscrits portent Vasa. Quelques savants disent que les anciens Gaulois désignaient sous ce nom le dieu Mars ; d’autres ont conjecturé que ce temple était consacré Mercure, d'après un passage de Pline l'ancien (l.III, c.7), qui rapporte que, de son temps, Zénodore construisit, en Auvergne, un grand temple en l’honneur de ce dieu.