Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/483

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rigés par la mort des autres. Dans le pays d’Auvergne, toutes les églises qui se trouvèrent situées proche de la voie publique furent dépouillées de ce qui appartenait au service divin. Il n’y eut de terme à leurs ravages que lorsque chacun fut revenu chez lui.

Après ce retour, le roi Gontran fut pris d’une grande amertume de cœur. Les chefs des armées se réfugièrent dans la basilique de saint Symphorien martyr [à Autun]. Le roi étant venu à la fête de ce saint, ils se présentèrent, sous condition d’être ensuite entendus. Le roi ayant convoqué quatre évêques et plusieurs laïques des plus grandes familles, commença le procès des chefs en disant : « Comment pourrions-nous aujourd’hui obtenir la victoire, nous qui ne conservons pas les usages suivis par nos pères ? Ils bâtissaient des églises, mettaient en Dieu toute leur espérance, honoraient les martyrs, vénéraient les prêtres, et ainsi aidés du secours divin, avec l’épée et le bouclier ils soumirent beaucoup de nations ennemies. Pour nous, non seulement nous ne craignons pas Dieu, mais nous dévastons les choses qui lui sont consacrées, tuons ses ministres, enlevons et dispersons avec dérision jusqu’aux reliques des saints. Quand il se commet de telles actions, il est impossible d’obtenir la victoire. Aussi nos bras sont affaiblis, notre lance est refroidie, le bouclier ne nous défend et ne nous protège plus ainsi qu’il avait coutume. Si ce mal doit être imputé à mes fautes, que Dieu le fasse tomber sur ma tête ; mais si vous méprisez les commandements royaux, si vous négligez d’accomplir ce que j’ordonne, votre tête doit tomber sous la hache. Ce