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Le roi Gontran ordonna donc de faire marcher son armée en Espagne xxxvi, en disant : « Soumettez d’abord à notre domination la province de Septimanie qui est voisine des Gaules xxxvii ; car il est honteux que les frontières de ces horribles Goths s’étendent jusque dans les Gaules. » Alors les troupes de son royaume se mirent en marche vers ce lieu. Les peuples qui habitaient au-delà de la Saône, du Rhône et de la Seine, unis avec les Bourguignons, dévastèrent tous les bords de la Saône et du Rhône, enlevant les récoltes et les troupeaux. Ils commirent dans leur propre pays beaucoup de meurtres, d’incendies, de pillages ; et, dépouillant les églises, tuant les clercs, les prêtres et beaucoup d’autres, jusque sur les saints autels de Dieu, ils parvinrent ainsi à la ville de Nîmes. Les gens de Bourges, de Saintes, de Périgueux, d’Angoulême, et des autres villes soumises à la puissance du roi Gontran, arrivèrent de leur côté à Carcassonne en commettant les mêmes ravages. Lorsqu’ils approchèrent de la ville, les habitants ouvrirent d’eux-mêmes leurs portes, et ils y entrèrent sans aucune résistance ; mais ensuite il s’éleva dans Carcassonne je ne sais quel tumulte, et ils sortirent de la ville. Alors Terentiolus, autrefois comte de la ville de Limoges, tomba frappé d’une pierre qui lui fut jetée du haut des murs. Les ennemis, pour se venger de lui, lui coupèrent la tête et l’apportèrent à la ville. Alors ceux qui étaient venus, saisis de frayeur, se préparèrent à s’en retourner, laissant tout ce qu’ils avaient pris sur la route et tout ce qu’ils avaient apporté avec eux. Les Goths, au moyen d’embûches cachées, dépouillèrent et tuèrent beaucoup d’entre eux.