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mortel ne brisait pas sur-le-champ les liens de la vie, elle fût promptement détruite par l’effet du poison. Elle remit ces couteaux à deux clercs, et leur donna ainsi ses instructions : « Prenez ces glaives, et rendez-vous au plus vite près du roi Childebert, sous l’apparence de mendiants, et vous jetant à ses pieds, comme pour lui demander l’aumône, percez-lui les deux flancs, afin que Brunehault qui le gouverne avec arrogance se trouve par sa chute soumise à mon pouvoir. Si le jeune homme est si bien gardé que vous ne puissiez arriver jusqu’à lui, tuez mon ennemie elle-même. La récompense qui vous attend pour cette action, c’est que si vous y trouvez la mort, je donnerai des biens à vos parents, je les enrichirai de présents, et les rendrai les plus heureux de mon royaume. Bannissez, donc toute crainte, et que les terreurs de la mort n’entrent pas dans votre sein, car vous savez que tous les hommes sont sujets à la mort. Armer vos âmes de courage, et considérez tout ce que vous voyez d’hommes courageux se précipiter dans les combats ; d’où il résulte que leurs parents deviennent nobles, surpassent tous les autres par leurs immenses richesses, et sont élevés au-dessus de tous. » Tandis que cette femme parlait ainsi, les clercs commencèrent à trembler, regardant comme très difficile d’accomplir ce qu’elle ordonnait. Les voyant incertains, elle leur fit prendre un breuvage, puis leur ordonna d’aller où elle les envoyait. Aussitôt la vigueur étant rentrée dans leurs âmes, ils lui promirent d’accomplir tout ce qu’elle leur avait commandé. Néanmoins elle leur ordonna d’emporter un vase plein de ce breuvage,