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au silence. Didier reçut des présents du roi et fut renvoyé avec faveur.

Ingonde, que son mari avait laissée, comme nous l’avons dit, avec l’armée de l’empereur, fut envoyée à ce prince avec son fils encore enfant. Mais, pendant ce voyage, elle mourut en Afrique et y fut ensevelie. Leuvigild mit à mort son fils Érménégild dont elle avait été la femme. En sorte que le roi Gontran, irrité, fit marcher une armée contre l’Espagne, à dessein de soumettre d’abord à sa domination la Septimanie, située sur le territoire des Gaules. L’armée se mit immédiatement en marche. Tandis qu’elle avançait, je ne sais quels paysans trouvèrent un billet qu’ils firent passer au roi Gontran, et dans lequel il paraissait que Leuvigild écrivait à Frédégonde pour l’engager à trouver quelque moyen pour empêcher la marche de l’armée. « Faites promptement périr nos ennemis, savoir Childebert et sa mère xxxiv, et faites la paix avec le roi Gontran, en l’achetant par beaucoup de présents. Si, par aventure, vous manquez d’argent, nous vous en enverrons en secret ; faites seulement ce que nous vous demandons. Quand nous serons vengés de nos ennemis, récompensez, par des bienfaits, l’évêque Amélius xxxv et la matrone Leuba, par le moyen desquels nos messagers trouvent un passage pour aller jusqu’à vous. » Leuba est la belle-mère du duc Bladaste.

En même temps qu’on portait cet avis à Gontran, Frédégonde avait fait faire deux couteaux de fer, dans lesquels elle avait ordonné de graver profondément, pour les imprégner de poison, afin que si le coup