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à la basilique du bienheureux Martin, et, prêtant serment, je serai absous. Au moment où il entrait, sa hache échappa de sa main ; il courut à la porte saisi d’une violente douleur au cœur, et le malheureux confessa de sa bouche le crime dont il venait se laver par un parjure. Un autre, accusé d’avoir mis le feu à la maison de son voisin, dit également : J’irai au temple de saint Martin, j’y jurerai ma foi, et serai déchargé de cette accusation. Il était évident qu’il avait mis le feu à cette maison. Lors donc qu’il vint pour prêter serment, je me tournai vers lui, et lui dis : D’après l’assertion de tes voisins, tu ne peux être innocent de ce crime, mais Dieu est partout et sa puissance habite au dehors comme au dedans ; ainsi donc, si tu es pris de cette vaine confiance que Dieu ou ses saints ne se vengent pas du parjure, voilà devant toi le temple saint, jure, si tu veux ; car il ne te sera pas permis de passer le seuil sacré. Il leva les mains et dit : Par le Dieu tout-puissant et par les mérites du bienheureux Martin son évêque, je ne suis pas l’auteur de cet incendie. Lorsqu’il s’en allait après avoir ainsi prêté serment, on le vit comme entouré de feu, et aussitôt se précipitant par terre, il commença à crier que le bienheureux évêque le brûlait avec violence. Ce malheureux disait : J’atteste Dieu que j’ai vu le feu descendre du ciel, et que d’épaisses vapeurs m’environnent et m’embrasent. En disant ces paroles il rendit l’esprit. Cela fut un avertissement à beaucoup d’autres de n’avoir plus la hardiesse de se parjurer désormais en ce lieu. Le diacre me ra-