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des marteaux, et fit renverser la colonne sur laquelle j’avais coutume de me tenir. Quand je revins le lendemain, je trouvai tout détruit ; je pleurai amèrement ; mais je ne voulus pas rétablir ce qu’on avait détruit, de peur qu’on ne m’accusât d’aller contre les ordres des évêques ; et, depuis ce temps, je demeure ici, et me contente d’habiter avec mes frères. »

Comme nous lui demandions de nous raconter ce qui s’était opéré en ces lieux par les mérites du bienheureux Martin, il nous rapporta ceci : « Le fils d’un Franc, homme très noble parmi les siens, était sourd et muet. Les parens de l’enfant l’ayant amené à cette basilique, j’ordonnai qu’on lui mît un lit dans ce temple saint pour le coucher avec mon diacre et un autre des ministres de l’église[1] xxii. Le jour il vaquait à l’oraison, et la nuit, comme je l’ai dit, il dormait dans la basilique. Dieu eut pitié de lui, et le bienheureux Martin m’apparut dans une vision et il me dit : Fais sortir l’agneau de la basilique, car il est guéri. Le matin arrivé, comme je croyais que c’était un songe, l’enfant vint vers moi, se mit à parler, et commença à rendre grâces à Dieu ; puis, se tournant vers moi, il me dit : J’offre mes actions de grâces au Dieu tout-puissant qui m’a rendu la parole et l’ouïe. Dès ce moment il recouvra la parole et retourna dans sa maison. Un autre qui, mêlé dans plusieurs vols et diverses sortes de crimes, avait coutume de se parjurer toutes les fois qu’il était accusé de quelques-uns de ses vols, dit : J’irai

  1. On appelait ministri ecclesiœ, les prêtres attachés à une église et qui y remplissaient les diverses fonctions ecclésiastiques.