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riture était un peu de pain et d’herbe et une petite quantité d’eau. Mais il commença à accourir vers moi une grande quantité de gens des villages voisins. Je leur prêchais continuellement que Diane n’existait pas, que le simulacre et les autres objets auxquels ils pensaient devoir adresser un culte, n’étaient absolument rien. Je leur répétais aussi que ces cantiques qu’ils avaient coutume de chanter en buvant, et au milieu de leurs débauches, étaient indignes de la divinité, et qu’il valait bien mieux offrir le sacrifice de leurs louanges au Dieu tout-puissant qui a fait le ciel et la terre. Je priais aussi bien souvent le Seigneur qu’il daignât renverser le simulacre, et arracher ces peuples à leurs erreurs. La miséricorde du Seigneur fléchit ces esprits grossiers, et les disposa, prêtant l’oreille à mes paroles, à quitter leurs idoles, et à suivre le Seigneur. J’assemblai quelques-uns d’entre eux, afin de pouvoir, avec leur secours, renverser ce simulacre immense que je ne pouvais détruire par ma seule force. J’avais déjà brisé les autres idoles, ce qui était plus facile. Beaucoup se rassemblèrent autour de la statue de Diane ; ils y jetèrent des cordes, et commencèrent à la tirer ; mais tous leurs efforts ne pouvaient parvenir à l’ébranler. Alors je me rendis à la basilique, me prosternai à terre, et je suppliai avec larmes la miséricorde divine de détruire, par la Puissance du ciel, ce que l’effort terrestre ne pouvait suffire à renverser. Après mon oraison, je sortis de la basilique, et vins retrouver les ouvriers ; je pris la corde, et aussitôt que nous recommençâmes à tirer, dès le premier coup, l’idole tomba à terre ; on la