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deux rois, où celui qui voudrait la répandre trouverait-il à en déposer le germe ? Personne n’ignore que le roi Childebert n’a d’autre père que son oncle, et nous n’avons pas entendu dire jusqu’à présent que celui-ci se dispose à avoir un autre fils. Que Dieu ne permette donc pas qu’aucun germe de discorde croisse entre ceux qui doivent également s’aimer et se soutenir. Le roi Childebert, ayant ensuite parlé en secret à l’envoyé Félix, le pria et lui dit : Je supplie mon seigneur et père de ne faire souffrir aucune injure à l’évêque Théodore, car s’il le faisait, il en naîtrait aussitôt du scandale entre nous, et nous serions divisés par les empêchements de la discorde, nous qui devons demeurer en paix, et nous soutenir avec affection. » L’envoyé partit après avoir obtenu réponse sur ce point et sur plusieurs autres.

Durant notre séjour avec le roi dans le susdit château, une fois que nous avions été retenus jusqu’à la nuit à la table du prince, le repas fini, nous nous levâmes, et nous étant rendus au bord du fleuve, nous y trouvâmes une barque qui avait été préparée pour nous. Comme nous y montions, une troupe de gens de toutes sortes vint s’y précipiter, et la barque se trouva remplie tant d’hommes que d’eau ; mais la puissance du Seigneur se montra en ceci, non sans un grand miracle ; car, bien que la barque fût remplie jusqu’au bord, elle ne put enfoncer. Nous avions avec nous les reliques du bienheureux Martin et de plusieurs autres Saints, et c’est par leurs vertus que nous croyons avoir été sauvés. La barque revint au rivage d’où nous étions partis ; on la vida d’hommes et d’eau,