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qui offres à Dieu tes oraisons pour notre ennemi Théodore ! voilà que nous cherchons tous les jours comment nous pourrons le chasser de la Gaule, où chaque jour il souffle le feu contre nous ; et toi tu ne te lasses pas de prier pour lui. Il te vaudrait mieux de t’occuper diligemment des soins de ton église, pour empêcher le bien des pauvres de dépérir, que de t’appliquer de cette sorte à prier pour celui-ci. » Et elle ajoutait : « Malheur à nous qui ne pouvons parvenir à le chasser ! » Et quoiqu’on ne doive pas croire aux paroles du démon, on vit cependant quelle était la sainteté de cet évêque, dont le démon se plaignait à grands cris. Mais revenons à ce que nous avons commencé.

Le roi fit partir des envoyés pour aller trouver son neveu Childebert, qui demeurait alors au château de Conflans[1], ainsi nommé parce que le Rhin et la Moselle viennent se joindre en ce lieu ; et comme il avait été convenu que les évêques des deux royaumes se rassembleraient dans la ville de Troyes en Champagne, et que les évêques du royaume de Childebert ne s’y étaient pas rendus, Félix l’un des envoyés, après avoir salué le roi et lui avoir montré ses lettres, lui dit : « Ton oncle, ô roi, te demande avec instance pourquoi tu as révoqué ta promesse, en sorte que les évêques de ton royaume à qui vous aviez ordonné de venir au concile, ne s’y sont pas rendus. Peut-être des hommes méchants ont-ils fait naître entre vous quelque germe de discorde. » Le roi gardant le silence, je répondis : « Ce n’est pas merveille qu’on sème la zizanie entre les peuples ; mais entre ces

  1. Coblentz