Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/456

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rent tenu entre eux beaucoup de discours en manière d’altercation, je vis de loin un vase d’airain posé sur le feu, où il bouillait avec violence. Puis je vis en pleurant saisir le malheureux Chilpéric ; ses membres brisés furent jetés dans le vase et aussitôt il fut dissous et liquéfié dans les vapeurs de cette eau bouillante, de telle sorte qu’il n’en resta pas le moindre vestige. » Ces paroles du roi nous remplirent d’une grande admiration ; et le repas étant fini nous nous levâmes.

Le lendemain, le roi alla à la chasse ; quand il revint, nous lui présentâmes Garachaire, comte de Bordeaux, et Bladaste [Bladastès] qui, comme nous l’avons dit plus haut, avaient été se réfugier dans la basilique de Saint-Martin, parce qu’ils s’étaient joints à Gondovald. Comme d’abord, par mes prières, je n’avais pu rien obtenir du roi en leur faveur, je lui dis : « Ô roi, que ta puissance m’écoute ; voilà que mon Seigneur m’a ordonné de venir vers toi en ambassade ; mais que pourrai-je rapporter à celui qui m’a envoyé, si tu ne veux me rendre aucune réponse ? » Lui stupéfait me demanda : « Et qui est-il ton Seigneur qui t’a envoyé ? » Je lui répondis en souriant : « C’est saint Martin qui m’a envoyé. » Alors il ordonna que ces hommes lui fussent présentés ; mais lorsqu’ils furent devant lui, il leur reprocha beaucoup de perfidies et de parjures, les appelant souvent de rusés renards. Cependant il leur rendit ses bonnes grâces, et leur restitua ce qui leur avait été enlevé.

Le jour du Seigneur étant arrivé, le roi vint à la cathédrale entendre la messe. Les confrères de l’évêque Pallade, présens en ce lieu, lui cédèrent l’hon-