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te rendre ; car, ce qui est bien dur à dire d’un évêque, tu m’as trompé trois fois, m’envoyant des avis remplis de mensonge. Tu t’excusais auprès de moi par tes lettres, et par d’autres écrits tu appelais mon frèreiii. Dieu a prononcé dans ma cause, car je me suis toujours appliqué à vous prévenir comme des pères de l’Église, et vous avez toujours agi frauduleusement à mon égard. » Il dit ainsi aux évêques Nicaise [Nicasius] et Antidius[1] iv : « Publiez ici, ô très saints pères, ce que vous avez fait pour le bien du pays et pour l’avantage de notre royaume. » Ceux-ci ne répondirent point, et le roi s’étant lavé les mains, et ayant reçu la bénédiction des évêques, s’assit à table avec un visage gai et une contenance joyeuse comme s’il n’avait pas été question des affronts qu’il avait reçus.


On était à la moitié du repas lorsque le roi voulut que je fisse chanter mon diacre qui, la veille, avait dit les répons des psaumes. Lorsqu’il eut chanté, il m’ordonna de faire chanter devant lui tous les prêtres présents, chacun des clercs convenant de sa partie. Je leur en donnai l’ordre par le commandement du roi, et chacun chanta devant lui, aussi bien qu’il put, des psaumes et des répons. Tandis qu’on apportait les plats, le roi dit : « Toute cette argenterie que vous voyez a appartenu au parjure Mummole [Mummolus] ; mais maintenant, grâce à l’assistance du Seigneur, elle a passé en notre puissance. J’en ai fait briser quinze plats, comme ce grand que vous voyez, et n’en ai gardé d’autres que celui-là et un autre de cent soixante-dix livres. Pourquoi en aurais-je gardé

  1. Évêque d’Angoulême et d’Agen.