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de Domitien[1] xxxviii, parce qu’il la fit reconstruire. Après ces martyres des saints, ce ne fut pas assez à l’ennemi de Dieu d’avoir excité contre les Chrétiens les nations infidèles, il fallut encore qu’il fit naître des schismes entre les Chrétiens eux-mêmes. Des hérésies s’élevèrent, et la foi catholique déchirée fut interprétée de diverses manières. Sous l’empereur Antonin parut l’hérésie insensée de Marcion et de Valentinien. Le philosophe Justin, après avoir écrit des livres pour l’Église catholique, fut couronné du martyre pour le nom du Christ. Dans l’Asie, une persécution s’étant élevée, saint Polycarpe, disciple de Jean, apôtre et évangéliste, dans la quatre-vingtième année de son âge, fut brûlé comme un pur holocauste pour le nom du Seigneur. Dans les Gaules, un grand nombre de Chrétiens reçurent, pour le même nom, la précieuse et brillante couronne du martyre ; l’histoire de leurs souffrances nous a été conservée fidèlement jusqu’à ce jour.

Le premier fut Photin, évêque de la ville de Lyon, qui, plein de jours, subit, pour le nom du Christ, divers supplices. Saint Irénée, successeur de ce martyr, et qui avait été envoyé dans cette ville par saint Polycarpe, se distingua par une admirable vertu ; en un court espace de temps, et par ses prédications, il rendit chrétienne la ville toute entière. Une persécution s’étant élevée, le démon suscita, par la main du tyran xxxix, de telles guerres dans ce pays, un si grand nombre de fidèles furent égorgés parce qu’ils confessaient le nom du Seigneur, que des fleuves de sang chrétien coulaient sur les places publiques, et que

  1. De Trajan.