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sant là leurs chariots et autres bagages avec le menu peuple, les plus braves guerriers, après avoir passé la Garonne, se préparèrent à poursuivre Gondovald.

S’étant hâtés, ils arrivèrent à la basilique de saint Vincent xxxi, située près de la frontière de la cité d’Agen, où on dit que le martyr consomma son sacrifice pour le nom de Jésus-Christ. Ils la trouvèrent remplie des trésors des habitants qui espéraient que des chrétiens ne violeraient pas la basilique d’un si grand martyr. On en avait fermé les portes avec un grand soin. L’armée s’approcha promptement. Ne pouvant ouvrir les portes du temple, ils y mirent le feu. Lorsque les portes furent consumées, ils pillèrent toutes les richesses et tous les meubles qu’ils purent trouver, aussi bien que les ornements sacrés. Mais la vengeance divine effraya un grand nombre de soldats ; car, par la volonté de Dieu, plusieurs eurent les mains brûlées, et il en sortait une épaisse fumée comme d’un incendie. Quelques-uns, possédés du démon, couraient comme des furieux, invectivant contre le martyr. Plusieurs, éloignés de leurs compagnons, se percèrent de leurs propres lances. Le reste de l’armée continua sa marche non sans une grande crainte. Que dirai je ? on arriva à Comminges xxxii, et toute l’armée campa dans la campagne environnante. Ayant dressé les tentes, ils demeurèrent dans cet endroit. Ils ravagèrent tout le pays d’alentour. Lorsque quelques soldats, pressés davantage par l’aiguillon de l’avidité, s’écartaient loin des autres, ils étaient égorgés par les habitans.

Un grand nombre montaient sur la colline, et parlaient souvent avec Gondovald, lui prodiguant des