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pouillés, s’enfuirent la nuit suivante. La vengeance divine s’appesantit immédiatement sur ceux qui avaient souillé de sang humain le saint édifice : mais ce n’était pas un léger crime que celui de l’homme que le saint évêque ne protégea pas contre un pareil sort.

Cette affaire mit le roi dans une grande colère ; mais lorsqu’il en sut la raison, il s’adoucit : il fit présent à ses fidèles tant des meubles que des immeubles que le malheureux Eberulf avait conservés de sa fortune particulière. Sa femme, complètement dépouillée, demeura dans la sainte basilique. Les parents de Claude et de ses gens emportèrent leurs corps dans leur pays, et les ensevelirent.

Gondovald envoya vers ses amis deux députés, l’un et l’autre clercs. L’un des deux, abbé de la ville de Cahors, cacha dans des tablettes creuses et sous un sceau les dépêches qu’on lui avait confiées ; mais, ayant été arrêté par les gens du roi Gontran, on trouva les dépêches, et on le conduisit en présence du roi ; après l’avoir cruellement battu de verges, on le fit garder.

Dans ce temps, Gondovald, demeurant à Bordeaux, avait acquis l’affection de l’évêque Bertrand [Bertchramn]. Comme il cherchait de tous côtés des secours, quelqu’un lui raconta qu’un certain roi d’Orient, ayant enlevé le pouce du martyr saint Serge [Sergius], l’avait implanté dans son bras droit, et que lorsqu’il était dans la nécessité de repousser ses ennemis, aussitôt que, plein de confiance en ce secours, il élevait le bras droit, l’armée ennemie, comme accablée de la puissance du martyr, se mettait en déroute. À ces paroles, Gondovald s’in-