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moment des présents considérables, et beaucoup de promesses si, arrachant Eberulf de la basilique, il parvenait à le tuer ou à le charger de chaînes, après l’avoir entouré de piéges, ou à l’égorger dans son appartement même. Arrivé à Châteaudun, Claude pria le comte de lui donner trois cents hommes, comme pour garder les portes de la ville de Tours ; mais c’était en effet pour qu’à son arrivée il pût, avec leur secours, égorger Eberulf. Lorsque le comte eut mis ces hommes en marche, Claude arriva à Tours. En route, il commença, selon la coutume des barbares, à consulter les aruspices. Il demanda en même temps à beaucoup de personnes si le pouvoir de saint Martin se manifestait actuellement contre les perfides, ou du moins si les outrages faits à ceux qui avaient placé leur confiance en lui étaient suivis d’une prompte vengeance.

Ayant disposé les soldats qu’il avait amenés pour l’aider, il entra dans la sainte basilique. S’étant aussitôt rendu auprès du malheureux Eberulf, il commença à lui faire des serments et à jurer par tout ce qu’il y avait de plus sacré et même par la vertu de l’évêque présent, que personne ne lui était plus sincèrement attaché que lui, et qu’il pourrait le réconcilier avec le roi. Il avait médité ce projet disant : « Si je ne le trompe par de faux serments, je ne viendrai jamais à bout de lui. » Le pauvre Eberulf lui voyant faire de tels serments dans la sainte basilique, sous les portiques et dans tous les endroits saints de l’édifice, crut à cet homme parjure. Un des jours suivants, comme nous nous trouvions dans une métairie située presque à trente milles de la ville, Claude fut