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il était, il rappela souvent qu’il avait ravi injustement les biens du saint évêque. Enfin, l’année précédente, il avait excité un certain homme de la ville à traduire en justice les intendants de l’Église. Alors, sans égard pour la justice, il enleva à l’église, sous prétexte d’une prétendue vente, les biens qu’elle possédait autrefois, et donna à son agent l’or qui garnissait son baudrier. Il commit ainsi beaucoup d’autres indignités jusqu’à la fin de sa vie que nous rapporterons dans la suite.

La même année, un Juif nommé Armentaire [Armentarius], avec un compagnon de sa secte et deux Chrétiens, vint à Tours pour exiger le paiement des cautions que lui avaient données le vicaire xvii Injuriosus et Eunome [Enomius], autrefois comte [de Tours], pour l’avance qu’il avait faite des tributs publics. Les ayant interpellés, il en reçut la promesse qu’ils lui remettraient l’argent avec les intérêts, et ils lui dirent : « Si vous venez dans notre maison, nous vous donnerons ce que nous vous devons, et nous vous ferons d’autres présents, comme il est juste. » Armentaire y étant donc allé fut reçu par Injuriosus et admis à sa table ; le repas terminé, à l’approche de la nuit, ils se mirent en marche pour aller dans un autre lieu. On rapporte qu’alors les Juifs et les deux Chrétiens furent tués par des gens d’Injuriosus, et jetés dans un puits voisin de la maison. À la nouvelle de ce qui s’était passé, leurs parents vinrent à Tours, et sur les renseignements fournis par quelques personnes, ils découvrirent le puits d’où ils firent retirer les hommes. Injuriosus fut soupçonné coupable de ce crime. Il fut appelé en jugement ; mais comme il désavouait fortement, le fait, et que les