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gieux. Le prêtre en ayant été instruit, enfonça des clous à la porte, et mit des verrous en dedans. Eberulf, pris de vin au sortir d’un festin, ayant remarqué cela, pendant qu’au commencement de la nuit nous chantions des psaumes dans la basilique, entra comme un furieux, et se mit à m’accabler d’outrages et de malédictions, me reprochant, entre autres injures, que je voulais le priver de la protection du saint. Étonné de l’extravagance qui s’était emparée de cet homme, je m’efforçai de l’apaiser par de douces paroles ; mais n’y pouvant réussir, je résolus de garder le silence. Comme je me taisais, il se tourna vers le prêtre, et vomit contre lui un grand nombre d’injures, l’insultant par des paroles insolentes, et moi par divers outrages. Voyant qu’il était, pour ainsi dire, possédé du démon, nous sortîmes de la sainte basilique, et fîmes cesser le scandale et Vigiles, trouvant de la plus grande indignité que, sans respect pour le saint évêque, il eût excité une telle rixe devant son tombeau même.

J’eus dans ce temps un songe que je racontai à Eberulf dans la sainte basilique, disant : « Il me semblait que je célébrais la cérémonie de la sainte messe dans ce temple. Déjà l’autel était couvert du manteau de soie et des offrandesxv, lorsque je vis tout à coup entrer le roi Gontran qui s’écriait d’une voix forte : Arrachez du saint autel de Dieu l’ennemi de notre race, arrachez d’ici un homicide. Entendant ces paroles, je me tournai vers toi, et te dis : Malheureux, saisis le manteau de l’autel qui couvre les offrandes sacrées, de peur qu’on ne t’arrache d’ici. Ayant saisi le manteau, tu semblais