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qu’il s’était ainsi retiré à Tours. Elle dit donc au roi que, s’il voulait venger la mort de son frère, c’était à cet homme qu’il devait l’imputer. Alors le roi jura devant tous les grands qu’il voulait détruire non seulement Eberulf, mais sa postérité jusqu’à la neuvième génération, afin de faire cesser, par leur mort, cette coutume perverse de tuer les rois. Eberulf, instruit de ce dessein, se réfugia dans la basilique de Saint-Martin, dont il avait souvent envahi les biens. Comme on prit alors des mesures pour le garder, les gens d’Orléans et ceux de Blois venaient tour à tour s’acquitter de cet office. Quinze jours s’étant écoulés, ils s’en retournèrent avec un grand butin, emmenant les bêtes de somme, les troupeaux et tout ce qu’ils avaient pu piller. Une dispute s’étant élevée entre ceux qui emmenaient les bêtes de somme de Saint-Martin, ils se percèrent réciproquement de leurs lances. Deux soldats qui emmenaient des mules entrèrent dans une maison voisine pour demander à boire. Comme le propriétaire leur dit qu’il n’avait pas de quoi leur donner à boire, ils levèrent leurs lances pour le percer ; mais lui, saisissant une épée, les en frappa tous deux ; et tous deux ils tombèrent et moururent. Les bêtes de somme de Saint-Martin furent rendues. Les Orléanais firent alors de si grands ravages qu’on ne pourrait les rapporter.

Sur ces entrefaites, le roi concéda à différentes personnes les biens d’Eberulf ; on exposa en public l’or, l’argent et les effets les plus précieux : on confisqua ce qu’il avait déposé entre les mains de certaines gens ; on enleva ses troupeaux de chevaux, de porcs et de bêtes de somme. Une maison située dans