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voya des députés au roi Gontran pour lui dire : « Que mon seigneur vienne, et prenne possession du royaume de son frère. J’ai un petit enfant que je désire mettre dans ses bras, et je me soumets moi-même humblement à son pouvoir. » Le roi Gontran, ayant appris la mort de son frère, le pleura amèrement. Modérant sa douleur, il rassembla une armée et marcha sur Paris. Lorsqu’il eut été reçu dans les murs de cette ville, le roi Childebert, son neveu, arriva d’un autre côté.

Les Parisiens n’ayant pas voulu recevoir Childebert, il envoya des députés vers le roi Gontran, disant : « Je sais, père très pieux, que ta bonté n’ignore pas de quelle manière jusqu’à présent l’inimitié et la guerre ont fait tort à tout le monde, de sorte que nul ne peut obtenir justice de ce qui lui est dû ; je te supplie donc humblement qu’il te plaise d’observer les conventions qui ont été passées entre nous après la mort de mon père. » Alors le roi Gontran répondit aux députés : « Ô misérables et perfides, en qui il n’y a rien de vrai, et qui n’observez pas vos promesses, voilà que sans avoir égard à tout ce que vous m’avez promis, vous avez conclu avec le roi Chilpéric un nouveau traité, pour que les deux rois partageassent entre eux mes États, après m’avoir chassé du trône. Voilà vos traitésii, voilà vos signatures dont vous avez scellé votre perfidie ; et de quel front maintenant osez-vous me demander que je reçoive mon neveu Childebert, dont vous avez voulu me faire un ennemi par votre perversité ? » Les envoyés lui répliquèrent : « Si la colère s’est réellement emparée de ton