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On reçut aussi durant la route ce cortège avec un grand appareil, aux dépens des diverses cités. Le roi avait ordonné que là dessus on ne payât rien de son fisc ; tout fut fourni par une contribution extraordinaire des pauvres gens.

Comme le roi craignait que son frère ou son neveu ne tendissent en route quelque embûche à sa fille, il avait ordonné qu’elle marchât environnée d’une armée. Avec elle étaient des hommes du premier rang, le duc Bobon, fils de Mummolène [Mummolenus], avec sa femme, pour lui servir de paranynphe ; Domégesile, Ansevald, le maire du palais Waddon, autrefois comte de Saintes, le reste de la troupe, composé d’hommes du commun était au nombre de plus de quatre mille. Les autres chefs et camériers qui, voyageaient avec elle la quittèrent à Poitiers. Ses compagnons de route allaient tant qu’ils pouvaient, et ils firent en chemin tant de butin, se livrèrent à tant de pillages qu’on pourrait à grand’peine le raconter. Ils dépouillaient les cabanes des pauvres, ravageaient les vignes, emportaient les sarments avec les raisin, enlevaient les troupeaux en tout ce qu’ils pouvaient trouver, et ne laissaient rien dans les lieu qu’ils traversaient, accomplissant ce qui a été dit par le prophète Joël : « La sauterelle a mangé les restes de la chenille, le ver les restes de la sauterelle, et la nielle les restes du ver[1]. » Ce fût ainsi que les choses se passèrent alors. Les restes de la gelée furent détruits par les tempêtes, le reste des tempêtes fut brûlé par la sécheresse ; et ce qu’avait laissé la sécheresse enlevé par les gens de guerre.

  1. Joël, chap. I, v. 4.