Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/390

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de cent cinquante milles, et celui de cent milles en largeur. Cette année parurent dans les Gaules beaucoup de prodiges, et les peuples éprouvèrent de grandes calamités. On vit des roses au mois de janvier, et il parut autour du soleil un grand cercle mêlé de diverses couleurs, semblables à celles que déploie l’arc-en-ciel après la pluie. Une cruelle gelée brûla les vignes, une tempête vint ensuite en divers lieux ravager les vignes et les moissons, et ce qui restait fut consumé par une épouvantable sécheresse. On vit sur quelques vignes un petit nombre de fruits maigres, sur quelques autres point du tout. Si bien que les hommes irrités contre Dieu ouvrirent les entrées des vignes et y introduisirent les brebis et les chevaux, entremêlant de prières, les malheureux, le soin qu’ils prenaient de se nuire à eux-mêmes, et disant : Que jamais durant l’éternité des siècles, ces vignes ne produisent plus de sarments. Les arbres qui avaient donné des fruits au mois de juillet, en donnèrent d’autres au mois de septembre. La maladie revint attaquer les bestiaux avec une nouvelle violence, si bien qu’à peine en demeura-t-il quelques-uns.

À l’approche du mois de septembre, il arriva au roi Chilpéric une grande ambassade des Goths xc. Retourné à Paris, il ordonna de prendre un grand nombre de serviteurs appartenant aux maisons royales[1] xci, et

  1. Domus fiscales. Les rois possédaient auprès, et peut-être même dans l’intérieur des villes, comme dans les campagnes, un grand nombre d’habitations ou domaines peuplés de familles qui n’étaient pas toutes de condition servile, et n’y tombèrent que progressivement, par une série d’actes de violence pareils à celui que rapporte ici Grégoire de